Cette incroyable fierté pour le drapeau américain !

Fier du drapeau américain

Toujours en ballade au Québec, je ne peux m’empêcher de noter une différence notable avec les Etats-Unis. La fierté de ses habitants pour le drapeau américain n’est comparable à rien de ce que je connais au monde. En tous les cas, les Canadiens me semblent plus raisonnables. Je ne saurais dire cependant si cela est une particularité québécoise où je viens de passer une dizaine de jours.

Le 1er juillet, c’était la fête nationale canadienne : Canada Day. Le 4 juillet, la fête nationale américaine : Independence Day. Et nous nous approchons de la fête nationale française, le 14 juillet. Pour faire bonne mesure, et parce que j’ai la double nationalité française et allemande, je vais rajouter la fête nationale allemande qui est le 3 octobre.

Canada Day célèbre la création de l’état en 1867. Independence Day fête la déclaration d’indépendance de la Grande Bretagne en 1776. Les Allemands, eux, fêtent la réunification de l’Allemagne de l’Ouest avec l’Allemagne de l’Est. Je dirais que ce sont des évènements aussi symboliques que la prise de la Bastille à Paris en 1789. Pourtant seuls les Américains fêtent avec ferveur leur fête nationale.

Aux Etats-Unis, plusieurs semaines avant la fête nationale, les magasins regorgent d’objets qui affichent les couleurs du drapeau américain. Mes courses dans l’Ontario et au Québec n’ont pas signalé excès en la matière. A part une palette chez Walmart, je n’ai rien vu de spécial aux couleurs canadiennes : rouge, blanc et la feuille d’érable.

C’est vrai qu’en 2013, quand je suis arrivée aux Etats-Unis, j’étais un peu abasourdie par leur patriotisme, pardonnez moi l’expression, exacerbé. Cela se voit vraiment partout : il y a des drapeaux américains le long des routes, sur les bâtiments publics, sur les maisons. On en trouve aussi sur les voitures, les vêtements et même les animaux !

Fierté nationale en veilleuse en France et Allemagne

A part pour des compétitions sportives, aucun allemand ne s’affichera avec le drapeau allemand. Le passé proche pèse lourd dans la culture allemande. Mais en France aussi, je n’associe la présence du drapeau qu’aux équipes nationales ou à un parti politique dont je ne partage pas les idées.

Parlons sport justement. Au moment où j’écris ce poste, la coupe d’Europe de football vient de s’achever. Jeudi dernier, une demi-finale palpitante pour toute la famille : France-Allemagne. Dans ces cas là, il n’y a pas photo, mon coeur bat pour la France, et ouf cette fois-ci on a gagné ! La France est devenue euphorique, mais il faut savoir que nous étions aussi le pays organisateur.

Pour en revenir au “patriotisme” sportif, regardez les photos suivantes. Elles montrent quelques produits aux couleurs de l’Allemagne. Croyez moi, cela n’est possible que pour le foot et pendant la coupe d’Europe, ou la coupe du Monde. Comparez ces images maintenant avec celles des Etats-Unis. Vraiment rien à voir, le drapeau américain se retrouve même sur un meuble !

 

L’amour du drapeau américain commence à l’école

Ce n’est pas la première fois que je mets en avant le patriotisme américain. Avec deux enfants dans des écoles américaines, j’ai découvert que l’amour du pays commence à l’école. Tous les matins, et depuis deux ans déjà, mon fils prête serment au drapeau américain. Sa petite soeur de 5 ans rentre à l’école public en août. Elle aussi pourra bientôt nous réciter le “Pledge of Allegiance” dont voilà le texte en français (source Wikipedia) :

“Je jure allégeance au drapeau des États-Unis d’Amérique et à la République qu’il représente, une nation unie sous l’autorité de Dieu, indivisible, avec la liberté et la justice pour tous”.

Ma fille ainée est restée dans le système scolaire allemand. Elle y passera le bac l’année prochaine. Les drapeaux américains et allemand flottent devant les bâtiments de la German School Washington, on en trouve aussi à l’intérieur de l’école. Mais les élèves ne prêtent pas serment et ne connaissent même pas les paroles de l’hymne national. Le patriotisme est vite assimilé à du nationalisme, un sujet toujours hyper-sensible 70 ans après la fin la deuxième guerre mondiale.

Jasmine sait chanter aujourd’hui la Marseillaise, et au fil des matchs de l’équipe de France, elle l’a même appris à sa petite soeur !

Mon mari, lui, a découvert qu’il avait du mal à en retrouver les paroles… lors de la venue du président (François Hollande) à l’Ambassade. L’occasion était lourde : sa visite suivait les attaques terroristes à Paris en novembre 2015.

Les Américains cultivent leur patriotisme. Toute compétition sportive commence par le chant de l’hymne national, et pas seulement dans les matchs de haut niveau. Mes enfants n’en sont encore qu’aux cours de natation ou de tennis, sans compétition. Mais je sais par mes amis non américains que cela est coutume. Je crois que le plus surprenant reste la ferveur avec laquelle le public chante “The Star Spangled Banner”, la main sur le coeur, casquette à la main.

Cet article du Figaro date un peu, mais il représente tellement bien la mentalité que je ne peux résister à le partager avec vous :

“Il y a trois jours, dans le quartier ouest de Bethesda, dans le Maryland, une camionnette a fait le tour du pâté de maisons pour déposer gratuitement devant chaque porte un drapeau américain. Il était indispensable, de l’avis de l’association qui a sponsorisé l’initiative, que chaque jardin soit pavoisé à l’occasion de la fête nationale du 4 juillet, qui célébrait ce dimanche la naissance de l’Amérique indépendante, «jeune Dame» de 234 ans. Un poème chantant la bannière étoilée avait aussi été glissé dans les boîtes à lettres.”

Dans une étude de 2015, le PEW Research Center a demandé aux Américains de décrire ce qui était typique… d’un Américain. Le terme patriotique est le premier de la liste avec rien moins que 79% des opinions.

Patriotisme - Drapeau Américain

Pourquoi les Américains sont ils si fiers de leur pays ?

N’ayant pas trouvé d’études sur la question, je vais exprimer une opinion toute personnelle.

Nous aussi, Français, nous sommes fiers de notre pays. Il n’y a qu’à écouter la communauté française vivant aux Etats-Unis : on mange mieux en France, nos trains sont les meilleurs, la mode y est né et nous avons inventé les parfums !

Les Allemands sont pareils : les meilleures voitures au monde sont allemandes, nous sommes excellents en mécanique et ingénierie et toutes les bières à part les nôtres, sont du pipi de chat.

Remarquez mon usage du “nous” révelateur ! Je commence par les Allemands et je finis par dire “nous” !!!

Français, Allemands ne montreront pas en France ou en Allemagne leur fierté nationale, mais elle se révèle dès qu’ils vivent en dehors de leur patrie.

Pas les Américains. Être fier d’être américain fait fondamentalement partie de leur culture. Leur pays est immense, ils peuvent voyager des jours sans quitter le territoire. Ils n’ont, aussi, jamais été envahi. Le dénominateur commun entre des états aussi différents que le Nouveau Mexique, l’Alaska ou le Kansas, c’est le drapeau américain. Prêter serment, chanter l’hymne national, fêter le 4 juillet sont les liens qui forgent le pays.

Les Américains voient leur succès, et ils apprennent très tôt à les mettre en avant. J’appelle cela “se sur-vendre”. On pourrait dire aussi promettre la lune. Mais… au fait… après avoir libéré l’Europe du joug nazi, ils ont envoyé Neil Amstrong sur la lune ! Ils ont aussi donné naissance à Apple, Google, Disney etc… Mais les Américains, ce sont surtout des optimistes d’optimistes. Ils se réjouissent d’un rien, ne voient que les réussites, rebondissent sur des échecs, etc… Parfois j’ai l’impression de voir des grands enfants !

Être fier du drapeau américain fait autant partie de leur culture, que l’exprimer haut et fort. Et si on ne les entendait pas, ils ne seraient finalement qu’à moitié américain.

Crédit photo by Lin Cheong

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6 Comments

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  1. says: Christophe Breton

    De mon point de vue, les Etats Unis n’ont pas d’autre choix que le patriotisme. C’est le lien qui unit tous les Américains quelque soit leurs pays d’origine et le nombre de génération ayant vécu aux États Unis. Je me souviens d’un Americain qui était très choqué parce que pour lui les Danois apprenaient le socialisme à l’école. Comme dans tous les pays que j’ai visité il y a toujours de bonne chose mais est ce que cela veut dire que l’on peut les transposer ?
    J’espérais que l’Europe avait dépassé ce stade mais nous continuons de parler de patriotisme national. Il y a mieux à défendre. Je n’ai rien contre les Américain mais je ne considère pas que leur esprit manichéen fait valoir leur culture.

    Christophe a commenté cet article dans un groupe LinkedIn (Bilinguals Professionals French English), il m’a donné l’autorisation de le reproduire ici même.

    1. says: Catherine

      Merci Christophe pour ce commentaire.
      Je vis aux Etats-Unis depuis 2013, et j’ai la chance d’habiter dans la capitale avec ses superbes musées (gratuits en plus !). Je ne suis pas en manque de culture, il y a d’excellents peintres, sculpteurs, et auteurs américains. Mais ce que je vois au quotidien est plus de la consommation que de la culture, consommation essentiellement dans les loisirs.
      Après je les crois foncièrement honnête dans leur amour de la patrie. Pour eux c’est simple, il y a les “good guys” et les “bad guys”, et au niveau pays, ils voient les Etats-Unis comme le “gentil”. A mon humble avis, le succès de Trump vient simplement dans ce message hyper simple : votez pour moi, je suis un gentil américain qui a réussi dans les affaires, et j’ai les c… pour virer tous les méchants de notre beau pays. Ce message résonne énormément chez beaucoup d’Américains.

  2. says: Philippe Chabot

    
Nous Français qui sommes persuadés d’être encore le phare de la civilisation, avons créé un système éducatif qui est sensé produire exclusivement des individus parfaits, intellectuels évidemment, en paix avec eux-mêmes et capables de se construire leur propre référentiel de valeurs. Ce faisant, ce système laisse sur le bord du chemin tous ceux qui ne peuvent pas rentrer dans ce moule, et les laisse sans instruction (chômage des jeunes) et sans valeurs…
Le système éducatif américain, beaucoup moins élitiste que le nôtre, au moins jusqu’à l’entrée à l’université, instruit véritablement les enfants de ce qui leur sera utile au moment où ils quitteront l’école, quel que soit ce moment.

    Dans le même temps, des valeurs nationales (non, ce n’est pas un gros mot, même si nos gouvernants ont laissé le FN se l’approprier) sont dispensées aux enfants, à travers de petits rituels (ceux-là mêmes qui sont évoqués par Catherine Rochereul-Portier) qui suscitent l’adhésion à l’idée qu’ils sont un peuple uni, une nation.
Mes enfants ont été durant trois ans à l’école primaire américaine. Tous les matins, ils se rassemblaient avec leurs camarades américains pour assister à la montée du drapeau, à la suite de quoi tous chantaient l’hymne américain. On m’a demandé si cela ne me gênait pas ; j’ai répondu que bien au contraire, j’étais ravi qu’on leur inculque ce respect pour un drapeau, l’important étant d’en avoir un.

    Non, le patriotisme n’est pas un signe de faiblesse personnelle, et la valeur d’un individu n’a de sens que lorsqu’elle s’exprime pour le bien de la communauté.
Quant au subtil distinguo fait entre Québec et Canada, j’invite le lecteur à regarder ces images : https://www.youtube.com/watch?v=h3IutxvltBM, le seul drapeau qu’on y voit à l’infini est celui du Canada et tous les gens qui les font flotter se sentent Canadiens.
Enfin, pour couper court à certains raccourcis faciles : je ne voterai jamais FN, je ne suis pas intégriste et j’ai adopté des enfants pas vraiment blancs.

    Philippe a commenté cet article dans un groupe LinkedIn (Bilinguals Professionals French English), il m’a donné l’autorisation de le reproduire ici même.

    1. says: Catherine

      Merci Philippe, votre commentaire résonne beaucoup en moi.
      Je ne suis pas sûre cependant que toutes les écoles américaines soient égalitaires. Le Montgomery County où je vis a d’excellentes écoles à Bethesda par exemple, mais plus on s’éloigne de la capitale, moins les écoles sont bonnes. En revanche, les élèves prêtent serment dans TOUTES les écoles, peu importe leur niveau académique.

  3. says: Christine David

    Article intéressant Catherine, comme toujours 🙂 Je voudrais profiter de ce thème pour raconter une petite anecdote . Alors que j’étais étudiante à l’étranger, je m’installais en début d’année universitaire dans une co-location avec 2 Canadiens, 1 Américain , 1 Guatémaltèque, une allemande et un autrichien. Ma voisine de chambre canadienne a commencé par mettre au mur un immense drapeau canadien… Je lui ai demandé pourquoi, le drapeau canadien est beau, soit, mais je pensais bien que ça n’était pas la seule raison. Elle m’a expliquée qu’elle était fière de son pays et que c’était une façon de le montrer à tout le monde… Ça m’a laissé perplexe…. Je suis française et heureuse d’avoir grandie en France mais jamais je n’ai eu le besoin de le crier sur les toits… En en discutant ensemble j’en suis arrivée à la conclusion que cela devait venir de la recherche d’identité de peuples issus de l’immigration (Canada, USA, Australie…). Aujourd’hui ce thème vient en force en France…

    Christine a commenté ce blog dans un groupe de LinkedIn, et m’a donné l’autorisation de le reproduire ici.

    1. says: Catherine

      Merci Christine, il y beaucoup de commentaires, surtout sur LinkedIn, concernant ce post.